Denis Peschanski: Pour être honnête, absolument pas. Une confidence : nous avions ouvert les paris avec Jean-Pierre (Lettron): je sabrais le champagne à 1000 signatures ; Jean-Pierre, toujours utopiste, pensait qu'on pourrait attendre 2000. Que d'émotions depuis. La dernière en date: samedi, un passant nous a interrogés très précisément sur les possibilités offertes pour sauver la librairie; ce fut bientôt un attroupement d'une dizaine de personnes qui suivait le débat et y participait. Au total, je n'ai jamais vu cela à BLR. Même lors de la belle mobilisation contre le plan d'occupation des sols hyper-densificateur que nous concoctait le même maire en 1998-1999.
ConserverleVdM: Avez vous rencontré le libraire depuis le conseil municipal du 16 décembre ?
Denis Peschanski: J'ai en effet décidé samedi de remettre au gérant la réponse que le maire nous avait faite. Ce dernier n'avait pas encore jugé bon de lui transmettre. Je note en passant que si nous n'avions pas posé de question écrite préalable (qui impose une réponse du maire, quelle qu'elle soit), le sujet n'aurait pas été mis à l'ordre du jour alors qu'on ne parle que de cela dans la ville depuis un mois. En outre le règlement du conseil municipal interdit tout débat après la réponse, sauf si le maire en décide autrement. Vous avez compris qu'il n'a pas souhaité un débat.
ConserverleVdM: Quelles sont tes impressions ?
Denis Peschanski :Si le gérant souhaite s'exprimer, il le fera. Je me bornerai à relever que les informations glanées sur les travaux hygiène et sécurité en cours, le montant des travaux imposés par le bail et les hypothèses sur la ZAC Est (au nord de la place Condorcet) contredisent plusieurs développements de la lettre du maire et signalent son incomplétude.
ConserverleVdM: Avec quelques jours de recul, quelle est ton analyse des solutions envisagées par JNC? Y en a-t-il d'autres?
Denis Peschanski :J'enregistre déjà, au risque de nous répéter, qu'il y avait donc bien danger de disparition, et non "fausses rumeurs" comme la majorité l'a répété deux tribunes de suite dans le journal de la ville. Sur les pistes envisagées, il faut déjà féliciter les services d'avoir tenté un premier état des lieux. Je crois que la Région peut plus encore, mais nous en saurons davantage lors du rendez-vous que nous avons obtenu au cabinet du président. Anecdote que m'a rapportée le gérant : c'est à la librairie que deux ministres sont venus annoncer publiquement que le dispositif d'aide aux commerces concernerait aussi les librairies (hors réseaux nationaux et grandes surfaces bien sûr). Au total, ce qui me frappe si nous parlons des possibilités d'intervention, c'est le caractère plus que prudent ("petits bras" dirait-on) et volontairement pessimiste alors même qu'une liste assez longue des dispositifs signalait plusieurs pistes.
ConserverleVdM: On ne peut pas dire qu'il y a eu de débats concernant le VdM puisque le Maire a lu un texte et clos le le conseil. Il y a t'il d'autres lieux formels ou informels ou les pistes évoquées par le Maire sont débattues à la Mairie entre les élus?
Denis Peschanski :Si débat il y a, les élus de l'opposition n'y sont pas conviés. C'est regrettable car le sujet dépasse, bien évidemment, les clivages politiques. A ce titre, j'ai appris que le maire avait profité du repas de Noël des anciens pour attaquer publiquement notre action. C'est regrettable car, évidemment, la mobilisation aussi exceptionnelle de la population pour défendre la librairie est un atout pour un éventuel repreneur de la librairie. Une preuve supplémentaire de notre ouverture: nous n'avons pas hésité une seconde à soutenir le projet de FISAC proposé au dernier conseil municipal, protocole qui permet d'aider les commerces, subventions à l'appui, de la part de la mairie et d'un fonds nourri par une contribution des grandes surfaces.
ConserverleVdM: Penses-tu que sa position est celle de toute la majorité municipale?
Denis Peschanski: Je les trouve en tout cas pour le moins discrets. Sauf erreur de ma part, un(e) seul(e) a pris le "risque" de signer la pétition. Le silence est de règle, et de marbre, lors des conseils municipaux. C'est bien triste cette conception de l'engagement politique car je ne peux pas imaginer qu'ils soient tous sur la ligne officielle (d'autant qu'elle évolue avec le temps et la pression de la population...). Mais que leur est-il passé par la tête pour faire de cette affaire un objet d'affrontement et de clivage politiques ?
ConserverleVdM: Où en êtes vous de l'association? et quels seront ses premiers travaux?
Denis Peschanski: Vous savez et avez déjà annoncé que l'association loi 1901 était en effet sur les rails et que la présidence en serait assurée par Jacques Julliard. Une assemblée générale constitutive (en janvier) en précisera les contours et les compétences. Il faut en tout cas que l'équipe qui l'animera reflète les sensibilités dans leur diversité dans une perspective apolitique mais citoyenne bien sûr. L'association définira elle-même ses objectifs. Ce n'est pas être antidémocratique qu'anticiper qu'elle cherchera d'abord à explorer les diverses possibilités d'aide. J'imagine aussi qu'elle verra sous quelle forme elle peut participer à la vie du magasin (signatures, petits concerts etc.). L'équipe ne sera certainement pas en panne d'idées.
ConserverleVdM: C'est maintenant la trêve des confiseurs. Vous n'allez pas rester inactifs j'imagine?
Denis Peschanski: Nous n'avons guère le choix puisque les relais continuent, que la pétition fait son chemin sur le net, chez les commerçants ou qu'on attend, par exemple, les signatures rassemblées par les collégiens d'Evariste Galois. Autorise-nous cependant un petit break les 24, 25 et 31 décembre !
ConserverleVdM: Un dernier mot?
Denis Peschanski: Pour dire que ce type d'action donne toutes ses lettres de noblesse à la "politique" entendue comme un engagement citoyen dans l'intérêt des citoyens. Et pour te remercier de faire vivre cette plaque tournante du mouvement que constitue ce blog. Enfin, sans être mièvre, pour dire que tout cela charrie son lot d'amitiés nouvelles ou renouvelées.
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